Tout concordait. Aussi étrange et inattendu que cela pouvait paraître, la fille adoptive de Medicos, la petite Queens était bel et bien une arrière petite fille de Myrnadette.
La vielle dame avait sentit son cœur s’emballer en voyant l’enfant, sa ressemblance frappante avec Myrlawen et Psychawen, la tache de naissance qu’elle portait, à l’instar de tous les membres de la famille, aux creux des reins, et cette broche qu’elle tenait de sa mère, bijou qui avait appartenu à Myrnadette.
Mais le mystère restait entier. Quelles étaient les origines de cette enfant ? Ho son père biologique était connu, fille bâtarde du roi Allister, abandonnée pour ne pas choquer la population. Mais sa mère, morte peu de temps après sa naissance…Qui pouvait-elle être ? Quel était son lien avec Myrnadette ?
La seule possibilité que voyait la vieille femme était que la mère de Queens et Mirlawen étaient jumelles. Mais pourquoi son fils Myrtam était-il revenu avec une seule enfant au lieu de deux, et pourquoi n’en avait-il jamais parlé ? Ces questions sans réponse lui tournaient inlassablement dans la tête.
Elle entrepris des recherches, fouillant la maison de la cave au grenier, cherchant les affaires de son fils entreposées depuis des lustres, et bien souvent déplacées. Elle fouilla même l’ancienne maison de pêcheur qu’ils possédaient il y a des années, et c’est la qu’elle trouva enfin la réponse : dans une malle a laquelle elle n’avait jamais touché, d’abord par superstition, puis par oubli, sous un monceau d’habits usagés, un vieux carnet de voyages, aux feuilles ternies, à l’écriture en partie effacée par endroit.
Myrnadette eu beaucoup de mal a déchiffrer les écrits de son fils, le temps ayant fait son œuvre, gommant ça et là quelques mots ou même des passages entiers. Elle y découvrit cependant cette partie de sa vie dont Myrtam ne lui avait jamais parlé : sa rencontre avec Ceridwen, leur amour impossible en raison du mariage déjà annoncé de la jeune femme, leur tentative de fuite loin de la famille de cette dernière, fuite avortée par la trahison du cousin de Ceridwen, l’emprisonnement de Myrtam, la naissance de deux petites filles aux yeux pailletés d’or semblables comme deux gouttes d’eau, et la mort de leur mère en leur donnant la vie.
A la lueur d’une lanterne vive, Myrnadette lut enfin le dernier paragraphe :
« Ceryane, la sœur de mon aimée, m’a ouvert la porte. Par amour pour sa sœur, elle refuse la peine de mort a laquelle sa famille m’a condamné. Elle m’a aussi confié une des deux fillettes en me faisant jurer au nom de ma déesse de ne jamais parler de sa sœur. La mort dans l’âme j’ai accepté et lui ai donné la broche de ma mère. Qui sais si un jour ce bijou ne nous réunira pas … »
Les larmes aux yeux, ma vieille femme prit le carnet et se résolu à aller le montrer à Medicos. Il saurait mieux qu’elle si il fallait en parler a sa fille.